Miser sur la jeunesse

2016-02-11 14:08DiscussionssuravenirdumonderuralafricainYaoundauCamerounparFranoisEssomba
中国与非洲(法文版) 2016年12期

Discussions sur l’avenir du monde rural africain à Yaoundé, au Cameroun par François Essomba

Miser sur la jeunesse

Discussions sur l’avenir du monde rural africain à Yaoundé, au Cameroun par François Essomba

LE 2eForum africain sur le développement rural

s’est tenu à Yaoundé, capitale camerounaise, du 8 au 10 septembre 2016. Placé sous le thème « Transformer le secteur rural à travers des outils de développement, la création d’emplois et l’insertion professionnelle des jeunes », ledit forum avait pour objectif majeur, la sensibilisation des participants (représentants des gouvernements, acteurs du monde rural, société civile et structures privées) sur la nécessité de disposer de stratégies de développement basées sur des approches participatives, multisectorielles, et adaptées à leurs milieux. Une rencontre importante que Philemon Yang, Premier ministre et chef du gouvernement camerounais, a présidé. Il s’agit de faire du monde rural un gisement d’emplois et de richesses, ainsi qu’un facteur de stabilité du continent. Dans la stratégie promue par le Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique), organisateur du forum, les jeunes doivent être à ia fois acteurs et bénéficiaires de cette transformation du monde rural. Ces assises doivent aboutir à la validation d’un plan directeur pour la transformation rurale du continent.

En Afrique, six personnes sur dix vivent dans les zones ruraies. Et d’ici 2050, ia popuiation aura augmentée de 50 %. Cette progression entrainera de lourdes conséquences sur le tissu économique, l’environnement et la qualité des services publics dans ces zones. Ces statistiques des Nations unies interpellent naturellement tous les gouvernements. Et localement, en Afrique, on s’active pour faire face à ces défis. La rencontre de Yaoundé a planché sur l’auto-emploi des jeunes. Aux yeux des experts et consultants ayant pris part aux discussions de Yaoundé, ce créneau est fondamental au développement rural en Afrique.

Développement rural

L’Afrique possède une grande variété de zones agro-écologiques, qui vont des forêts ombrophiles, marquées par deux saisons des pluies, à une végétation relativement clairsemée, sèche et aride, arrosée une fois l’an. Si cette diversité constitue un énorme atout, eiie représente tout de même un grand défi pour le développement agricole. En effet, cette diversité exclut toute solution générale aux problèmes que pose le développement agricole sur l’ensemble du continent. Par conséquent, la programmation et la mise en œuvre d’interventions dans ce secteur doivent être adaptées aux conditions propres à chaque zone agro-écologique et à la situation socioéconomique des ménages ruraux.

Soumis à la forte pression démographique, ces ménages ont été contraints d’adopter des pratiques agricoles qui assurent leur survie. Malheureusement, leurs stratégies de sécurité alimentaire n’ont pas accordé beaucoup d’importance à l’accroissement de ia productivité des expioitations agricoies par i’intensification du rendement par parcelle de terre cultivée, c’est-à-dire par l’accroissement du rendement des cultures à l’hectare. Hormis l’agriculture commerciale, qui couvre une gamme relativement restreinte de cultures, l’utilisation d’intrants agricoles, d’engrais inorganiques, d’insecticides et de pesticides, est nettement moins répandue en Afrique que dans les autres régions en développement du monde.

L’expansion continue des cultures s’est faite aux dépens des autres systèmes d’utilisation des ressources naturelles. De ce fait, le Nepad appelle à la résurgence des politiques agricoles, par la voix du Dr Ibrahim Hassane Mayaki, ex-Premier ministre de la République du Niger et actuel secrétaire exécutif de l’Agence de

pianification et de coordination du Nepad : « La transformation structurelle, passe par la transformation rurale. La question n’est donc plus de savoir comment développer l’énergie, l’éducation, les transports, mais comment développer l’espace. » Et les jeunes, comme l’ont rappelé tous les orateurs du forum, doivent tracer les sillons de cette agriculture.

Zone agricole de l’Extrême

nord du Cameroun.

Le chef du gouvernement camerounais Philemon Yang, de son coté, a redit la nécessité pour la jeunesse africaine de retourner à la terre, tout en exhortant les pouvoirs pubiics africains à tirer ie meiiieur profit d’une population essentiellement jeune et des vastes étendues de terre qu’offre le continent : « Le développement rural est un défi camerounais et un défi africain. Nous devons, par ie biiiet d’un voiontarisme pius affirmé de nos poiitiques de développement rural, accélérer l’autonomisation de la jeunesse. Nous devons favoriser nos principaux atouts, que nous envient tant les autres continents, à savoir : les quelques 200 millions de jeunes africains âgés de 15 à 24 ans, d’une part, et i’immense étendue de terres arables, d’autre part. »

Nourrir l’Afrique

Plusieurs institutions continentales prennent des initiatives dans le but d’assurer la sécurité alimentaire du continent. C’est ainsi que le 22 juin 2016 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, le conseil d’administration de la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé une stratégie de transformation de l’agriculture africaine, pour un secteur agroalimentaire compétitif et inclusif, à même de créer de la richesse, d’améliorer les conditions de vie de ses populations et de sauvegarder l’environnement. Intitulé « Nourrir l’Afrique : stratégie pour la transformation agricole de l’Afrique, 2016-2025 », le document a été approuvé à l’unanimité, par les administrateurs de la BAD. Cette stratégie vise à éradiquer la faim et la pauvreté rurale en Afrique dans les dix ans à venir. Pour ce faire, elle mise sur une transformation fondée sur un développement à grande échelle de l’agriculture en tant qu’activité commerciale à forte valeur ajoutée, stimulée par le secteur privé et soutenue par le secteur public, recourant à des mécanismes de financement innovants.

Le but étant d’atteindre i’autosuffisance pour certains produits comme le riz, le blé, le poisson, l’huile de palme, l’horticulture et le manioc ; de gravir les échelons des chaines de valeur pour les produits principalement destinés à l’exportation comme le cacao, le café, le coton et les noix de cajou ; d’assurer la sécurité alimentaire au Sahei grâce au sorgho, au mii et à i’éievage ; et d’exploiter le potentiel de la savane guinéenne pour la production de maïs, de soja et de bétail. La stratégie « Nourrir l’Afrique » soutient, de manière convaincante, qu’il est possible d’inverser la situation d’un continent qui dépense chaque année 35,4 milliards de dollars pour ses importations de denrées alimentaires, alors qu’il héberge près de 65 % des terres arabies sous-expioitées dans ie monde. Ce programme de transformation exigerait de 315 à 400 milliards de dollars d’investissements au cours des dix prochaines années. Ainsi, la BAD va investir 24 miiiiards de doiiars eiie-même et mobiiisera des financements supplémentaires.

Pour un avenir prometteur

Au terme du 2eForum africain sur le développement rural, les États membres du Nepad s’accordaient sur l’importance de promouvoir l'autonomisation des jeunes en mettant l’accent sur : l’éducation, les compétences et les connaissances, ainsi que l'accès à la terre et d'autres facteurs de production. Des ingrédients essentiels pour la réussite des jeunes entrepreneurs. Les gouvernements africains devraient faire un effort conscient pour fournir ie financement du secteur pubiic, et accorder un soutien aux initiatives d'économie verte, tout en renforçant les capacités internes permettant d'accéder aux ressources financières mondiaies consacrées à i'environnement, au changement climatique et aux domaines connexes. L’accent doit être mis sur le développement formel et non-formel des compétences (enseignement professionnel et technique), pour créer des opportunités dans les secteurs informels de l'économie. La population africaine demeurant essentiellement rurale, il revient aux différents décideurs africains d’anticiper dans les voies et solutions pour permettre le bien-être des populations africaines à l’horizon 2050. CA

(Reportage du Cameroun.)