La piété filiale, une longue tradition chinoise

2017-01-24 04:08
中国与非洲(法文版) 2017年5期

La piété filiale, une longue tradition chinoise

Le confucianisme, philosophie humaniste séculaire, continue d’être une composante intrinsèque de la tradition du savoir, de la pensée et de l’idéologie sociétale en Chine. La piété filiale n’est que l’un des nombreux enseignements du philosophe antique Confucius, qui datent de plus de 2500 ans.

Confucius explique en substance qu’« il existe trois degrés de piété filiale. Le plus haut est d’être une fierté pour ses parents, le deuxième est de ne pas les déshonorer et le dernier est d’être simplement capable de subvenir à leurs besoins. »

Cette considération, qui indique que prendre soin de ses parents doit être la première des priorités dans la vie d’une personne, semble contraster fortement avec les valeurs occidentales, qui tiennent les parents éternellement responsables du soin, de l’amour et de l’assistance de leur descendance. Le spécialiste en folklore, Alan Dundes, avait résumé ces différentes écoles de pensée en prenant les idéaux américains comme exemple : « Le culte des ancêtres ou la piété filiale, si caractéristiques des cultures asiatiques, ne résonnent pas particulièrement dans l’esprit des américains, qui favorisent les enfants et non les grands-parents. »

Le confucianisme statue qu’un individu doit dévouer sa vie d’adulte au service de ses parents vieillissants. Dans ces circonstances, les enfants doivent également s’assurer que leurs parents bénéficient des soins et d’une assistance adéquats - sur une période qui devait être restreinte et avec la promesse de revenir.

Contrairement aux personnes âgées en occident qui, typiquement, n’aiment pas admettre leur âge et préfèrent rester indépendants, les parents chinois d’un certain âge apprécient d’aider à élever leurs petits-enfants. Dans le même temps, ils sont révérés et pris en charge par leurs propres enfants. Le grand âge apporte son lot d’avantages : il n’est pas éclipsé mais célébré, voire attendu avec impatience. Les grands-parents sont honorés et adorés, et cette révérence se poursuit après la mort par des offrandes posthumes.

Dans la société traditionnelle chinoise, les intérêts des individus passent d’abord par la soumission aux parents. Le bien-être et l’harmonie de la famille doivent être protégés et placés en priorité.

Le concept d’humanité de Confucius est l’objectif ultime de cette philosophie. Cependant, cet objectif commence par la piété filiale. La principale source de nos connaissances concernant l’importance de cet objectif se trouve dans le Livre de la Piété filiale. Dans cet ouvrage, Confucius considère la piété filiale comme un principe inaltérable. Pour lui, il s’agit d’une valeur éthique fondamentale.

La piété filiale comporte trois autres caractéristiques. La première est de montrer un respect filial aux lignées familiales ancestrales, afin de sécuriser un lien du sang fort et stable à travers les générations. Les enfants doivent poursuivre les pratiques ancestrales, ainsi que les coutumes et les traditions.

La deuxième stipule que les enfants doivent obéir à la volonté de leurs parents et subvenir à leurs besoins. Confucius enseigne que les enfants doivent considérer les soins aux parents comme une obligation morale. Ils ne doivent pas seulement apporter un soutien financier suffisant au cours de leur vie, mais également prendre soin du bien-être émotionnel de leurs parents.

Troisièmement, la piété filiale requiert des enfants qu’ils atteignent un statut social élevé. En parvenant à un certain niveau de vie et un bon statut au sein de la communauté, les noms et l’honneur des ancêtres sont ainsi respectés. Ce n’est que lorsque les enfants accomplissent ces trois exigences, qu’ils satisfont à la piété filiale.

L’assistance d’un enfant envers ses parents incarne une valeur fondamentale dans la tradition chinoise. Elle permet une réciprocité de la prise en charge entre parents et enfants. Pendant des milliers d’années, il a été naturel pour les Chinois de faire correspondre le fait d’ « avoir un fils pour soulager son vieil âge » et celui d’ « accumuler du grain pour soulager sa faim ». Contrairement aux valeurs occidentales, chaque Chinois dépend de sa famille de la naissance jusqu’à sa mort.

Cet attachement suit les liens du sang du côté paternel et créé une société patriarcale, où les parents chinois sont soutenus et servis par leurs fils plutôt que par leurs filles. Du fait de ces relations et des principes qui les sous-tendent, la prise en charge de ses parents est devenue une norme éthique et morale dans la société chinoise.

La précédente politique de l’enfant unique en Chine a engendré une recrudescence des familles ayant un seul enfant. Les jeunes couples mariés doivent souvent porter la responsabilité pour leurs quatre parents, faisant de ce devoir filial une charge très lourde.

Lorsqu’un enfant unique ne vit pas avec ses parents ou travaille dans une autre ville, les parents finissent par vivre et vieillir seuls. Même si les conditions et la qualité de vie des personnes âgées sont devenues un sujet majeur, il faudra du temps pour que le système de sécurité sociale chinois s’améliore et que ces problèmes soient résolus.

Extrait de The Way We Think : Chinese View of Life Philosophy, publié par Sinolingua Press.