Unifier les marchés

2018-05-11 04:35parZhuWeidong
中国与非洲(法文版) 2018年5期

par Zhu Weidong

Il est temps que la Chine envisage de lancer des négociations avec les pays africains et les organisations régionales sur les accords de libre-échange

Un accord signé à Kigali, capitale du Rwanda, a attiré l’attention du monde entier. Le 21 mars, un total de 44 pays africains ont convenu de créer la zone de libre-échange continental africain (AfCFTA), visant à créer un marché continental unique pour les biens et services avec la libre circulation des entreprises et des investissements. L’accord, signé à la 10esession extraordinaire de l’Assemblée de l’Union africaine (UA), sera soumis pour ratification par les États parties conformément à leur législation nationale.

Lors de la Conférence de presse tenue après la session extraordinaire, Mahamadou Issoufou, Président du Niger et champion d’AfCFTA, a noté qu’en raison des bonnes relations entre l’Afrique et la Chine, le continent peut lancer une coopération avec la Chine dans ce domaine.

Le commerce bilatéral entre la Chine et l’Afrique a connu une croissance rapide ces dernières années. Les statistiques douanières chinoises montrent que le commerce sino-africain a atteint 170 milliards de dollars en 2017. Depuis 2009, la Chine est le plus important partenaire commercial de l’Afrique pendant huit années consécutives.Le sommet de Johannesburg du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA), qui a eu lieu à lafin de 2015, a établi dix plans de coopération Chine-Afrique, tandis que la Chine vise à augmenter la valeur commerciale bilatérale à 400 milliards de dollars d’ici 2020. Cela signifie que le commerce bilatéral va plus que doubler au cours des deux prochaines années.

Dans ce contexte, la Chine et les pays africains sont confrontés à des occasions historiques de renforcer leurs relations commerciales, ce qui peut contribuer à améliorer le développement intégré et globalisé sur le continent. D’autre part, la tendance à la lutte contre la mondialisation est apparue dans la communauté internationale avec la hausse du protectionnisme commercial. Il est donc nécessaire que la Chine envisage de lancer des négociations d’accords de libre-échange avec les pays et régions africains.

Facteur de négociation

Il est important pour la Chine et les pays africains de signer des accords de libreéchange par le biais de négociations. Tout d’abord, cela peut contribuer à promouvoir l’intégration africaine, encourager le développement de la mondialisation et réaliser une prospérité commune tant pour la Chine que pour le continent africain. Ces dernières années, la Chine soutient l’intégration africaine et favorise l’institutionnalisation du commerce sino-africain pour la prospérité commune. Selon le deuxième document d’orientation de l’Afrique publié par le gouvernement chinois en décembre 2015, « la Chine continuera à soutenir le développement de la zone de libre-échange africaine et l’intégration régionale, et discutera de la mise en place d’un commerce institutionnalisé en accord avec les pays et les organisations régionales en Afrique. »

L’intégration africaine est également un objectif poursuivi par les pays africains ces dernières années. La lutte contre la corruption et la promotion de l’intégration africaine ont été les deux thèmes principaux de la 30esession ordinaire du sommet de l’UA,qui s’est tenue du 22 au 29 janvier à Addis-Abeba (Éthiopie). La session ordinaire a également noté que la création d’AfCFTA,la promotion de la création d’un marché unique africain des transports aériens, et la libre circulation des personnes et des biens sont les trois principales mesures de réalisation de l’intégration africaine. À cettefin, le Président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a demandé aux membres de l’UA d’accélérer les négociations sur l’accord de libre-échange afin de promouvoir le développement durable de l’Afrique.

Deuxièmement, la Chine parvenant à des accords de libre-échange avec les pays africains et les organisations régionales peut contribuer à améliorer le marché africain et promouvoir la transformation et la modernisation de la coopération commerciale sino-africaine. Actuellement, le commerce de la Chine avec les pays africains est basé sur des accords commerciaux bilatéraux,et la Chine n’est pas encore parvenue à des accords de libre-échange globaux avec n’importe quel pays africain ou organisation régionale. Les accords de libre-échange entre la Chine et les pays africains et les organisations régionales peuvent bénéficier aux deux parties, aidant les produits chinois à se rendre sur les marchés africains et vice versa. Grâce à des accords commerciaux institutionnels, le commerce sino-africain sera plus équilibré, stable et sain.

Troisièmement, l’atteinte des accords de libre-échange peut contribuer à renforcer les relations économiques et commerciales entre la Chine et l’Afrique et à approfondir la coopération entre l’Afrique et le reste du monde. La communauté internationale insiste sur le lancement des investissements et des échanges commerciaux avec les pays et les régions d’Afrique par le biais d’accords de libre-échange.

Marché unifié

Simultanément, la Chine peut d’abord choisir certains pays et organisations régionales avec des conditions économiques saines,des potentiels de marché prometteurs et des in fluences régionales fortes pour lancer les négociations. En novembre 2016, la Chine et Maurice ont annoncé le lancement d’une recherche de faisabilité conjointe sur les négociations de libre-échange, la première recherche de faisabilité conjointe sur un accord de libre-échange jamais lancé par la Chine et un pays africain. En novembre 2017, les deux pays ont signé un mémorandum d’accord en vue de lancer officiellement des négociations sur une convention de libre-échange.

Tout en négociant des accords de libreéchange, la Chine et les pays africains pourraient fixer des dispositions détaillées et réalisables sur le commerce des marchandises, en particulier dans les domaines d’intérêt mutuel tels que la réduction et l’exonération tarifaires, les procédures douanières, la facilitation du commerce, la propriété intellectuelle et le règlement des différends. Cela peut favoriser le commerce sino-africain.

Le Président rwandais M. Paul Kagame (gauche), qui assume également la présidence tournante de l’Union africaine, le Président du Niger Mahamadou Issoufou (centre) et le Président de la Commission de l’Union africaine M. Moussa Faki Mahamat inaugurent la plaque d’AfCFTA à Kigali, au Rwanda, le 21 mars.

En ce qui concerne les organisations régionales en Afrique, la Chine pourrait d’abord envisager de lancer des négociations avec le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (MCAOA), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEEAO), la Communauté de développement de l’Afrique australe (CDAA) et la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE).Actuellement, l’Afrique fait la promotion d’un marché africain unifié en encourageant le commerce à l’intérieur du continent.

TFTA a été approuvé en juin 2015, conformément à l’accord de libre-échange signé par 26 chefs d’État et de gouvernement en Afrique. Elle bénéficiera à 1 milliard d’Africains par la facilitation du commerce,attirant le capital étranger et unifiant la qualité et les normes des produits et des services. Les tarifs seront éliminés dans le commerce des marchandises entre les pays de la zone.

TFTA est la clé pour établir AfCFTA. L’UA espère réduire les tarifs, éliminer les barrières commerciales, promouvoir le développement du commerce et des investissements dans la région, et réaliser la libre circulation des produits, services, capitaux et personnel dans la région par la construction d’AfCFTA afin d’unifier divers l’économie africaine en un seul grand marché.

L’initiative des « Nouvelles Routes de la soie » a fourni d’importantes possibilités pour le développement économique et commercial entre la Chine et l’Afrique.En septembre, le sommet du FCSA aura lieu à Beijing et de nouvelles politiques et mesures promouvant la coopération sino-africaine seront lancées afin d’aligner cette initiative sur l’Agenda 2063 de l’UA.Dans ce contexte, la Chine et les pays africains et les organisations régionales sont confrontées à de précieuses opportunités et conditions pour lancer des négociations sur l’accord de libre-échange. Ces opportunités devraient être saisies pour améliorer le commerce sino-africain, encourager un développement stable et sain des relations économiques et commerciales entre la Chine et l’Afrique et promouvoir la réalisation d’une communauté avec un avenir partagé entre la Chine et l’Afrique.