Échange de bons procédés

2017-08-07 07:55SiconomieduNordEstdelaChinerestestagnantelespartenariatsquelagiontablitavecautresprovincesplusveloppesdoitluipermettredeserelancerparZhouXiaoyanetWenQing
中国与非洲(法文版) 2017年5期

Si l’économie du Nord-Est de la Chine reste stagnante, les partenariats que la région établit avec d’autres provinces plus développées doit lui permettre de se relancer par Zhou Xiaoyan et Wen Qing

Économie

Échange de bons procédés

Si l’économie du Nord-Est de la Chine reste stagnante, les partenariats que la région établit avec d’autres provinces plus développées doit lui permettre de se relancer par Zhou Xiaoyan et Wen Qing

Les trois provinces du Nord-Est ont beaucoup à apprendre des provinces économiquement développées, qui ont accumulé une riche expérience de réforme et d’ouverture durant les trois dernières décennies, et qui ont une meilleure appréciation du développement, des effets des politiques incitatives et des règles du marché

Fu Cheng, directeur de l’Institut de sociologie à l’Académie des sciences sociales du Jilin

LE Nord-Est de la Chine est prêt à effectuer sa

mutation. Longtemps considéré comme le mauvais élève de la croissance économique du pays pendant les trois dernières décennies, le Conseil des Affaires d’État a dévoilé un nouveau plan afin d’y remédier.

Les provinces du Liaoning, Jilin et Heilongjiang, les trois principales régions en difficulté, vont désormais être associées à trois provinces économiquement développées de l’Est et du Sud de la Chine, dans le cadre de partenariats spécifiques.

Selon ce plan, publié en mars dernier, des partenariats bipartites vont être mis en place entre le Liaoning et le Jiangsu, le Jilin et le Zhejiang, ainsi que le Heilongjiang et le Guangdong. La feuille de route comprend également 18 points spécifiques dans quatre domaines : l’innovation institutionnelle, la restructuration industrielle, la stimulation de l’entreprenariat et la construction de coopération.

Dans le cadre de la stratégie plus large qui vise à redynamiser le Nord-Est, ce nouveau plan est donc une innovation stratégique, puisqu’il doit permettre de structurer la croissance, tout en apportant des avantages, non seulement pour le Nord-Est, mais aussi pour ses partenaires plus développés, au lieu de simplement fournir une assistance unilatérale ou d’instaurer un programme de lutte de la pauvreté.

Innovation en action

À ce titre, Zhou Jianping, directeur du Département de relance économique du Nord-Est au sein de la Commission nationale du Développement et de la Réforme (CNDR), décrit les partenariats comme des économies d’enclave. Soit un modèle de croissance visant à coordonner le développement et à fournir un complément de ressources par un management et une coopération inter-régionaux.

« Cette approche est basée sur l’évaluation des ressources, les bases industrielles, les différents niveaux de développement et les actuelles modalités de coopération dans les provinces concernées », a également rappelé Zhou Jianping lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à Beijing, le 21 mars dernier, au sujet du plan de relance.

La CNDR a par ailleurs indiqué que la région du Nord-Est disposait de ressources naturelles en abondance, de fondations industrielles solides, d’un fort potentiel en matière de science et de technologie et d’un immense espace. Les provinces de l’Est et du Sud disposant, elles, d’une économie de marché plus mature, de même que de capitaux en abondance et d’entreprises prospères.

En outre, ce nouveau plan inclut d’autres mesures concrètes comme l’affectation temporaire – depuis l’Est et le Sud du pays vers le Nord-Est – d’agents provinciaux expérimentés maitrisant les principes de l’économie de marché, ou encore des sessions de formation pour les fonctionnaires et le personnel des entreprises. De telles étapes demeurent indispensables pour transformer cette économie inspirée de la planification, en économie de marché, plus compétitive et plus innovante, dans le Nord-Est.

La Chine a mis en œuvre trois cycles de relance dansla région depuis 2004. Selon Fu Cheng, directeur de l’lnstitut de sociologie à l’Académie des sciences sociales du Jilin, le gouvernement central y a instauré des politiques préférentielles durant les deux premiers cycles, en espérant que cela résorbe le problème. Le plan de relance a toutefois été amélioré depuis en donnant au Nord-Est l’opportunité de développer de bénéfiques échanges avec les régions plus prospères de l’Est et du Sud.

« Les trois provinces du Nord-Est ont beaucoup à apprendre des provinces économiquement développées, qui ont accumulé une riche expérience durant les trois dernières décennies de réforme et d’ouverture, et qui ont une meilleure appréciation du développement, des effets des politiques incitatives et des règles du marché », a confié Fu Cheng à CHINAFRIQUE.

Et d’expliquer que les avantages étaient partagés : « La région du Nord-Est a également beaucoup à offrir aux régions orientales et méridionales. Elle dispose, par exemple, d’un secteur culturel avancé et de nombreuses universités prestigieuses, desquelles des centaines de milliers d’étudiants sortent diplômés chaque année. »

Un employé contrôlant des poidslourds produits par une filiale de la Xuzhou Construction Machinery Group Co. Ltd. à Fuxin, dans la province du Liaoning.

Un long chemin à parcourir

Ces dernières années, le gouvernement central a ainsi émis un certain nombre de plans de relance pour le Nord-Est. Le développement de la région a ralenti dans les années 1990 en raison de la transition économique du pays et de la réforme des entreprises publiques, avec des performances économiques en berne qui ont perduré depuis.

Les dernières données du Bureau national des statistiques ont toutefois montré que les trois provinces différaient en termes de croissance économique. En 2016, le PIB du Heilongjiang et celui du Jilin ont augmenté respectivement de 6,1 % et de 6,9 % - soit un taux identique à la moyenne nationale de 6.7 % - tandis que celui de Liaoning a baissé de 2,5 %.

Durant les premiers mois de 2017, la plus-value industrielle du Nord-Est a augmenté d’un petit 0,8 %, un chiffre bien plus faible que la moyenne nationale de 6,3 %. Les investissements en actifs fixes ont, eux, chuté de 17,8 % sur une année glissante, par rapport à une croissance moyenne nationale de 8,9 %.

Le manque d’entreprises privées dynamiques est également un problème majeur pour le Nord-Est. Un récent classement des 500 premières entreprises privées en Chine, publié par la Fédération chinoise de l’industrie et du commerce, ne contenait que dix entreprises du Nord-Est, alors que le Zhejiang, le Jiangsu et le Guangdong comptait près de 100 compagnies dans la liste.

L’économie de la région est, cependant, loin d’être satisfaisante. Pourquoi ? L’une des explications possibles est le manque d’entrepreneurs d’exception et de personnes comprenant les rouages de l’économie de marché. Après plusieurs décennies durant lesquelles l’économie était planifiée, les générations plus âgées du Nord-Est ont en effet tendance à se montrer frileuses concernant les entreprises privées et la réforme. Cette mentalité archaïque entrave le développement des entreprises privées, qui restent pourtant l’une des principales forces motrices de l’économie chinoise.

« Renverser ces notions dépassées des administrations et des populations locales au sujet de l’économie de marché, est au cœur de nos efforts pour relancer la région », explique Xiang Tao, professeur à l’Université du Nord-Est à Shenyang.

En outre, alors même que la région a grand besoin d’ouvriers qualifiés, la population des trois provinces concernées a diminué en raison d’une forte émigration et d’un taux de fécondité relativement faible ces dernières années. Les cadres, eux, ont quitté les trois provinces en raison du ralentissement de l’économie régionale, ce qui a eu pour impact direct de saper la croissance locale. Selon les données de la CNDR, entre 2010 et 2015, environ 240 000 personnes ont ainsi quitté les trois provinces pour d’autres régions, en quête d’un meilleur emploi et d’un climat plus favorable.

Toujours selon Fu Cheng, les entreprises publiques représentent toujours une large proportion de l’économie du Nord-Est. À l’échelle locale, ces structures ont rencontré des difficultés ces dernières années, et ont dû gérer certaines difficultés comme des carences dans le financement de la couverture maladie de leurs employés ou la réintégration d’employés licenciés.

De plus, étant donné que la population locale vieillit rapidement, les déficits du régime de pensions provincial s’accroissent, et il irréaliste de s’attendre à ce que la région puisse s’occuper du problème elle-même. Si le gouvernement central accentuait son soutien dans ces domaines, cela contribuerait au développement du Nord-Est de façon considérable.

« Le gouvernement central doit se montrer patient avec cette nouvelle tentative de relance, afin que l’économie locale ait le temps de s’ajuster progressivement, effectuer les changements nécessaires et permettre aux tendances du marché de s’implanter », détaille enfin Fu Cheng. CA