Résilience du commerce extérieur chinois au premier semestre

Par ZHOU MI

Le bilan du premier semestre du commerce extérieur de la Chine était très attendu. Selon les données publiées par l’Administration générale des douanes, le volume total des importations et des exportations de marchandises de la Chine a augmenté de 2,1% en glissement annuel pour atteindre 20 100 milliards de yuans (2 780 milliards de dollars selon le taux de change en vigueur au 30 juin). C’est la première fois que le volume total du commerce extérieur chinois dépasse les 20 000 milliards de yuans au premier semestre.

En 2022, les résultats du premier semestre des principales économies mondiales, publiés par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, semblaient meilleurs que ceux de 2019 (période pré-COVID). Cependant, la tendance s’était inversée au second semestre, la demande n’étant plus au rendezvous malgré la baisse des prix des produits primaires. En 2023, dans un contexte d’atonie du commerce mondial au premier semestre, le commerce extérieur chinois s’est stabilisé, non sans mal, et ses particularités méritent d’être analysées.

L’économie privée est une force importante dans le développement économique chinois et elle est plus sensible aux changements du marché. Fin 2022, le Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale a modifié la Loi sur le commerce extérieur de la République populaire de Chine, stipulant que tous les départements compétents du pays n’auraient plus besoin d’enregistrer les acteurs du commerce extérieur à partir du 30 décembre 2022, une mesure de facilitation pour les entreprises chinoises. Au premier semestre, les entreprises privées ont affiché un bilan remarquable du commerce extérieur avec une hausse de 8,9% en glissement annuel. Non seulement elles ont renforcé leur compétitivité en améliorant la qualité de leurs produits et en contrôlant leurs coûts de production, elles ont aussi pu s’adapter aux changements du marché et se mettre à niveau rapidement en lançant des produits innovants.

Dans un cadre de reprise économique mondiale et de mondialisation, les entreprises privées ont su saisir les opportunités des marchés étrangers et participer plus activement à la division internationale du travail grâce à l’import-export. En parallèle avec la croissance soutenue du commerce extérieur chinois, leur part dans ce dernier a continué de progresser pour atteindre 52,7%. Cela a favorisé l’ajustement et l’optimisation de l’économie et des industries de la Chine, ainsi que la création d’emplois et de recettes fiscales.

Grand pays commerçant, la Chine a une influence mondiale considérable dans le commerce général, le commerce de sous-traitance ou le commerce frontalier, entre autres. Au fil des ans, avec les changements de structure de la demande mondiale et le développement économique chinois, la part du commerce de soustraitance a diminué. Aujourd’hui, ce type de commerce se concentre moins sur la main-d’œuvre et les terrains que sur les systèmes industriels complets et une division du travail efficace, de sorte à occuper une place moindre dans le commerce extérieur chinois.

En revanche, le commerce général, qui s’appuie sur les propres avantages de la Chine, s’est beaucoup développé. Ses acteurs ont un esprit d’initiative plus fort et sont plus également répartis à travers le pays que ceux de la sous-traitance, qui se concentrent dans les régions côtières. Dans le contexte des changements continus de l’environnement économique et commercial mondial, la proportion croissante du commerce général est propice à la réduction des fluctuations du commerce extérieur de la Chine. Au premier semestre 2023, les importations et les exportations du commerce général de la Chine se sont élevées à 13 160 milliards de yuans, soit une augmentation de 4% en glissement annuel.

SOURCE:BANQUE MONDIALE

La Chine commerce avec différentes régions du monde pour répondre aux différents besoins des marchés, et certains de ses partenaires clés jouent un rôle de plus en plus important. Au premier semestre, ses échanges avec l’ASEAN, son plus grand partenaire, ont atteint 3 080 milliards de yuans, soit une croissance de 5,4% en glissement annuel et une part de 15,3% de tout son commerce extérieur, qui a progressé de 2,1%. Pour la même période, ses échanges avec l’UE se sont élevés à 2 750 milliards de yuans (+ 1,9%), représentant 13,7% de son commerce extérieur, tandis que ses échanges avec les États-Unis se sont contractés à 2 250 milliards de yuans (- 8,4%) pour voir leur part diminuer à 11,2%.

Les importations et les exportations de la Chine avec les pays partenaires de « la Ceinture et la Route » ont dépassé, pour la première fois, le tiers du commerce extérieur chinois pour atteindre une part de 34,3%, avec une croissance de 9,8% en glissement annuel, soit une hausse de 2,4 points de pourcentage. Une telle expansion reflète un accroissement des opportunités commerciales entre la Chine et ces partenaires grâce aux nouveaux domaines commerciaux et produits, à la stabilisation des attentes du marché par la coordination de leurs politiques, à la création de nouveaux marchés et à l’optimisation de leurs chaînes d’approvisionnement.

Cette année, en plus du redressement économique et social post- COVID, l’économie verte et l’économie numérique font couler beaucoup d’encre. Le développement de l’économie verte et la lutte contre le changement climatique constituent un consensus dans le monde entier. En dehors des différents gouvernements, de plus en plus de producteurs et de consommateurs participent à la promotion du développement vert, créant ainsi un énorme marché pour les produits connexes. L’économie numérique deviendra certainement un nouveau pôle important du commerce international au second semestre, grâce au développement technologique et son efficacité dans l’exploitation des ressources sociales. Les produits et les services chinois dans ces domaines sont d’ailleurs très attendus.