Développement commun

2017-08-07 07:55initiativeuneCeintureetuneRouteficieraauxconomiesAsieEuropeetAfriqueparHouWeili
中国与非洲(法文版) 2017年5期

L’initiative « une Ceinture et une Route » bénéficiera aux économies d’Asie, d’Europe et d’Afrique par Hou Weili

DÉPASSER LES DIFFÉRENCES

Développement commun

L’initiative « une Ceinture et une Route » bénéficiera aux économies d’Asie, d’Europe et d’Afrique par Hou Weili

JlN Haijun, un commerçant spécialisé dans

l’importation de vins espagnols, est un homme heureux. Ce qui lui remonte le moral, c’est qu’une ligne de chemins de fer relie maintenant Madrid à sa ville de Yiwu, dans la province orientale du Zhejiang. La ligne de transport ferroviaire va lui permettre d’accroître ses importations pour les porter à 1,5 million de bouteilles. « Avec la mise en service de ce train de marchandises, mon entreprise est plus compétitive car le coût de l’importation des vins a baissé de 20 % et la livraison peut s’effectuer plus rapidement », a expliqué M. Jin. Auparavant, il les importait par voie maritime car le fret aérien est trop onéreux. Avec le mouvement des bouteilles en mer, le vin devait reposer pendant deux à six mois avant de pouvoir être rendu. « La réduction considérable du délai de livraison atténue les pressions sur la capacité d’autofinancement de la société », ajoute-t-il.

La ligne de fret ferroviaire qui aide les affaires de M. Jin, est l’un des projets les plus ambitieux développé dans le cadre de l’initiative « une Ceinture et une Route ». Elle part de Yiwu vers l’ouest, dans la Région autonome ouïghoure du Xinjiang, pour se diriger vers Madrid en traversant le Kazakhstan, la Russie, la Biélorussie, la Pologne, l’Allemagne et la France. Ce marathon ferroviaire de 13 052 kilomètres relie le plus grand marché mondial de gros à son homologue européen, et réduit le transport à 21 jours, contre 40 par voie maritime.

Mis à part Yiwu, Chongqing, Zhengzhou, Chengdu, Hefei, Wuhan et Changsha, qui sont des villes enclavées, sont maintenant reliées aux pays européens par voie ferroviaire. Grâce à cela, le plan stratégique consistant à promouvoir les connexions entre les pays participant à « une Ceinture et une Route » devient réalité et l’arrière-pays dans l’Ouest de la Chine saisit cette occasion pour devenir une nouvelle frontière de la croissance économique.

Le premier chemin de fer électrique connectant les capitales éthiopienne et djiboutienne.

Facilitation du commerce

Par le biais de telles lignes, de plus en plus de produits agricoles des zones rurales de l’Ouest de la Chine vont pouvoir atteindre les consommateurs européens. Dans les zones rurales de Lanzhou, le chef-lieu de la province du Gansu, les fermiers ont constitué une base de culture de bulbes de lys, une plante de la médecine traditionnelle chinoise bénéfique aux poumons, avec le soutien technologique d’une entreprise agricole locale, et vendent désormais ces bulbes en Russie et en Italie. En 2016, les exportations de bulbes de lys de cette zone ont atteint 332 800 dollars. Le commerce de la province avec les pays qui participent à « une Ceinture et une Route » a atteint 10 milliards de yuans (1,45 milliard de dollars), soit une hausse annuelle de 10 %.

Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres de la manière dont les provinces de l’ouest remettent à niveau leurs économies et encouragent le commerce international par le biais des opportunités liées à la connectivité des transports. Les statistiques du ministère du Commerce montrent que les échanges commerciaux de la Chine avec les pays le long d’« une Ceinture et une Route » en 2016 ont généré 6 300 milliards de yuans (913 milliards de dollars), soit une hausse de 0,6 % par rapport à 2015, et dépassent le rythme de croissance des échanges commerciaux totaux, qui ont baissé de 0,9 % pour la même période.

La connectivité du trafic apporte aussi des marchandises des pays qui participent à une « Ceinture et une Route ». Jin Haijun accroît maintenant la coopération avec davantage d’entreprises européennes et a ajouté formules pour nourrissons, sacs français, machinesoutils, yachts et objets d’art dans la liste de ses produits importés.

Les experts estiment que l’initiative « une Ceinture et une Route » va plus loin que les infrastructures, car elle va stimuler la coopération inclusive dans tous les secteurs, notamment la fabrication, les services, le tourisme et la culture. « Les infrastructures de transport sont un peu comme un investissement stratégique. Sa connectivité va non seulement faciliter le commerce, mais aussi donner une impulsion aux entreprises locales et se propager dans de vastes zones environnantes », explique Zhao Lei, chercheur à l’Institut des études stratégiques internationales à l’École du Parti du Comité central du Parti communiste chinois.

Pour le bénéfice de tous

Les pays qui participent à « une Ceinture et une Route » sont pour la plupart des pays émergents dont la population représente 63 % du total mondial, alors que leur PIB n’atteint que 29 % du PIB mondial. Les experts ont observé qu’en encourageant la connectivité des transports, serait établie une plate-forme ouverte pour la coopération répondant aux demandes des nations qui y participent en termes d’industrialisation et de modernisation.

Comme le PIB par habitant de nombreux pays y participant ne dépasse pas 50 % de celui de la Chine, ils devront poursuivre leurs efforts pour améliorer leur structure économique et l’efficacité de la productivité du travail, tout en remettant à niveau les infrastructures. Ceci afin de réduire les coûts des entreprises et d’accroître le revenu des populations et de l’économie dans son ensemble », a remarqué Justin Yifu Lin, doyen de l’Institut de coopération et de développement Sud-Sud de l’Université de Pékin. Et d’ajouter : « L’initiative ‘une Ceinture et une Route’de la Chine répond justement à de telles exigences ».

D’après le ministère chinois du Commerce, plus d’une centaine de pays et d’organisations internationales ont pris part à cette initiative, et plus de 40 contrats de coopération ont été signés à la fin février.

La Chine a établi conjointement 56 zones de coopération économique à l’étranger dans 20 pays participants, avec des investissements cumulés de 18,5 milliards de dollars, rapportant 1,1 milliard de dollars de taxes et créant 180 000 emplois dans ces pays.

Les investissements directs à l’étranger des entreprises chinoises, le long des couloirs économiques, ont dépassé 50 milliards de dollars au cours des trois années qui ont suivi la proposition de l’initiative « une Ceinture et une Route ». Dans le cadre d’une coopération à double sens, les investissements en Chine des pays participants augmentent aussi. Les dernières statistiques montrent que le chiffre a dépassé 8,2 milliards de dollars en 2015, soit une hausse de 25 % sur un an, une tendance très prometteuse si on la compare à la hausse de 6 % des investissements directs étrangers de la Chine cette année-là.

Derrière ces chiffres, se trouve l’intégration réussie de l’initiative, avec les ambitions de développement locales, par le biais de projets concrets. Actuellement, la ligne de chemins de fer de 40 milliards de yuans qui relie la province enclavée du Yunnan à Vientiane, la capitale du Laos, est en cours de construction. Des contrats de production avec le Kazakhstan concernant l’acier, le ciment et les matériaux de construction sont aussi mis en place. Par ailleurs, la construction de parcs industriels et de zones économiques est aussi sur la liste des projets.

En intégrant les pays et régions d’« une Ceinture et une Route » dans les plans de développement régionaux et nationaux, l’initiative va promouvoir le progrès économique durable en partageant les avantages et les bénéfices pour parvenir à des résultats gagnant-gagnant, d’après les observateurs. « Qu’il s’agisse de capitaux, de technologies ou de capacité de production, ce sont des demandes dans les deux sens. La Chine et les pays participants à l’initiative« une Ceinture et une Route » sont enclins à se servir des technologies avancées et des capitaux étrangers et puiser les uns et les autres dans le potentiel de marché », a noté Zheng Yongnian, directeur de l’Institut d’Asie de l’Est à l’Université nationale de Singapour.

Changer l’Afrique

Pour l’amélioration des infrastructures de télécommunications et de transport, l’initiative « une Ceinture et une Route » va donner une occasion majeure d’arrimer la stratégie de développement de la Chine avec l’Agenda 2063 de l’Union africaine et son plan d’intégration économique du continent, en vue d’accélérer les progrès dans la modernisation et l’industrialisation.

Le projet d’autoroute de l’information en construction établi par des entreprises chinoises, avec des contreparties africaines, va à l’avenir rendre disponible l’internet haut débit aux Africains de tout le continent. De plus, les projets d’infrastructure comme la construction des chemins de fer et les parcs industriels faciliteront les transports transfrontaliers sur le continent et amèneront investissements et emplois.

Un exemple est ainsi fourni par la première ligne ferroviaire moderne électrifiée d’Afrique, reliant les capitales d’Éthiopie et de Djibouti. Le projet a réduit le temps de transport de 7 jours à 10 heures, et contribué à la création d’emplois et à l’apport de technologies aux habitants. « Lors de la construction, près de 40 000 locaux ont été employés. Et plus de 2 000 ont obtenu des emplois dans la maintenance et l’exploitation, une fois que la ligne a été mise en service en octobre 2016 », a indiqué Fu Xun, directeur de projet de China Railway Group Ltd., qui a travaillé sur ce projet. Par ailleurs, il a précisé que plus de 300 Éthiopiens ont été aidés par le gouvernement et les entreprises chinois pour se former en Chine et obtenir une expertise en ingénierie ferroviaire, ainsi que dans la conduite des trains et la maintenance. « La construction des lignes de chemins de fer n’est qu’un début. Avec la connectivité des transports, les villes, les ports et les parcs industriels seront reliés, encourageant l’intégration régionale et apportant des investissements et des opportunités considérables pour le développement économique », a constaté Liu Xianfa, ambassadeur de Chine au Kenya.

Des canaux de financement

L’aide financière est vitale pour promouvoir la construction des infrastructures dans le cadre de l’initiative « une Ceinture et une Route ». Un rapport de la Banque asiatique de développement (BAD) publié fin février prévoit qu’il faudra réaliser des investissements à hauteur de 26 000 milliards de dollars dans les infrastructures, entre 2016 et 2030, pour maintenir la croissance actuelle dans les économies émergentes d’Asie. En termes annuels, cela correspond à un montant de 1 700 milliards de dollars, alors que le montant actuel annuel dans la région n’est que de 800 milliards de dollars.

Ligne de fret entre Yiwu et l’Espagne.

Même s’il existe de nombreuses plates-formes fournissant des aides financières, comme la Banque asiatique d’investissement (BAD), dans les infrastructures, ou le Fonds de la Route de la Soie et la Banque de développement des BRlCS, le déficit de financement est encore important. Pour le combler, la BAD en appelle à la participation active des financements privés.

Yang Guangpu, chercheur au centre de recherche du Conseil des Affaires d’État de Chine, suggère que les partenariats publics-privés (PPP) jouent un rôle actif dans la mobilisation des ressources pour accroître la connectivité dans l’initiative « une Ceinture et une Route ». « En tant qu’approche innovante pour fournir des biens et services publics, le PPP permet d’atténuer la pression financière du gouvernement et d’accroître l’efficacité des investissements », a estimé M. Yang.

La participation de financements privés chinois a d’abord été constatée sur le continent africain. En janvier 2017, la Banque internationale de la Route de la Soie a proposé ses services à Djibouti. Financée par des entreprises chinoises comme le groupe IZP, la banque est la première entreprise avec des fonds chinois à obtenir une licence d’exploitation bancaire en Afrique. Elle propose différents types de services financiers à Djibouti, notamment des cartes bancaires, les paiements transfrontaliers et l’autorisation des cartes bancaires internationales. Elle participe aussi aux projets des entreprises chinoises en Afrique. « L’ouverture de la banque a été le dernier exemple de l’aide à long terme de la Chine dans le développement des infrastructures dans le pays », a indiqué Ilyas Moussa Dawaleh, ministre de l’Économie et des Finances. CA

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